mardi 8 juillet 2008

BC le 07/07 :


Les expés, c’est aussi beaucoup de patience et de temps à attendre pour avoir une bonne météo. Mais il y a de la vie au BC!...........
Inquiet pour Antoine, je décide d’aller passer la journée au BC du Broad Peak situé à une bonne heure de marche et vers 4800m.
Nick m’accompagne pour aller voir des Mexicains avec lesquels il a déjà tenté 2 sommets.



Je rejoins Antoine qui attend avec la plus grande impatience l’hélico que les médecins ont commandé car il n’est pas bien. Un chirurgien russe est même venu du K2 BC avec tout son matériel pour opérer au cas où. Antoine souhaite partir le plus vite possible, se faire opérer à l’hôpital militaire de Skardu et vite revenir pour grimper. Je reste 3h avec lui avant de revenir « chez moi », juste avant une grosse averse de pluie. Je n’ai malheureusement pas entendu l’hélico.
BC le 08/07 :

Bonne nuit pas froide. Vers 9h30, 1 hélico survole notre BC avant de retourner sur le Broad Peak BC. Impossible de savoir s’il a embarqué Antoine ?
Le dernier bulletin météo donne de meilleures conditions mais trop de vent au dessus de 7500m.
L’expédition des 4 Serbes dont le leader ne quittera pas le BC se fait aider par 3 porteurs d’altitude dont Shaeem Baig qui est le meilleur ami de Qudrat. Ils ont prévu 24 bouteilles d’oxygène (je n’en ai que 2). Ils montent par les Abruzzes et nous avons décidé de tout faire pour nous retrouver à l’épaule soit vers 8000 et installer notre C4 au même endroit afin d’être ensemble pour le jour où nous tenterons le sommet. Il faut en effet être nombreux pour équiper le bottleneck et faire la trace.
Bisous, Hugues
Hugues a connu Antoine Girard (28 ans) lors de sa première tentative du K2 en 2006.

L’expédition d'Antoine se déroule sur le glacier du Baltoro. Ses points culminants sont le K2 (8 611m), le G1 (8 068m), le G2 (8 035m) et le Broad Peak (8 047m). Son objectif est de réaliser un enchaînement de trois sommets de plus de huit milles mètres sans oxygène ni porteur d’altitude (Broad Peak, G2 et G1). Il compte en plus faire la descente en parapente du sommet de chacune de ces montagnes. Le parapente est spécialement conçu pour ce projet, il a pour cahier des charges d’être le plus léger au monde. A ce jour personne n’a encore réalisé la descente en parapente du Broad Peak et du G1

Mail d'Antoine Girard , le 8 Juillet :
Enfin l’hélicoptére a pu venir ! Mon état empire tous les jours, j’ai maintenant du mal à marcher correctement, je suis plié en deux. J'ai vu quatre médecins au camp de base et les quatre pensent que mon infection urinaire est en réalité une appendicite. Cela fait aujourd'hui 10 jours que mon corps lutte contre cette infection, heureusement les antibiotiques ont travaillé. Seul le chirurgien russe qui m'a ausculté ne pensait pas à l'appendicite mais à un calcul coincé je ne sais pas où. Il m'a fait deux injections de produit pour décontracter dans le but de faire passer ces calculs.J'ai fais de même ce matin mais aucun résultat.Il m'a a nouveau ausculté en fin de matinée et il pense maintenant que c'est bien l'appendicite et qu'il faut réagir très vite, 10 jours c'est déjà beaucoup trop d'attente.
Il fallait absolument que l’hélico arrive.Ce matin ,vers 8h30 ,alors qu’il pleuvait sur le CB ,on a tous vu l’hélico arriver mais a seulement 500m du Camp de base, il a fait demi tour à cause des nuages localisés uniquement sur notre CB et au dessus. Ce faut espoir m’a bien plombé le moral, j’avais bien du mal à croire au secours. Mais deux heures plus tard nouvel essai et ce coup ci il vient jusqu'à nous ! Je suis enfin dans l’hélico. Je me sens beaucoup mieux… Le stress retombe. Ce n’est pas l’appendicite qui m’aura.En moins de deux heures je suis à Skardu, le premier village où il y a une piste d’aviation.Le paysage est fabuleux vu du haut mais je n’ai pas vraiment l’impression de pouvoir en profiter.A Skardu ,on m’emmène dans une clinique très sommaire. L’hygiène est inexistante. Un médecin m’ausculte et me dit qu’il faut que je me fasse opérer de l’appendicite. Il m’envoie sur l’hôpital militaire plus récent. Même pronostique, il me palpe le ventre et veux me mettre de suite sur la table d’opération. Vu l’hygiène et les instruments qui sont à portée de ma vue il n’en est pas question… C’est un hosto de campagne du Pakistan !Je discute un moment avec les médecins du rapatriement en France et je négocie de me faire rapatrié sur Islamabad. Mais pas d’avion aujourd’hui, le mauvais temps est là. Je vais négocier un hélico pour 3000$ mais même problème, il pleut trop à Islamabad. La guigne !Je suis dans un tel état qu’il est beaucoup trop dangereux de le tenter par la route, il faut 24h non stop et il y a trop de chance que la péritonite se déclenche pendant le trajet.Je préfère prendre le risque de rester jusqu'à demain matin pour tenter de prendre un nouvel avion s’il peut décoller. Les risques sont importants mais je préfère les prendre que de me faire opérer ici.La vérité c’est que j’ai encore l’espoir que ce n’est pas l’appendicite, personne ne m’a encore fait d’examen approfondi hormis le fait de m’avoir palpé le ventre. J’espère encore pouvoir guérir rapidement et remonter sur mes montagnes. Me faire opérer à Skardu m’ôte toutes ces chances… J’ai laissé toutes mes affaires d’alpinisme à Elisabeth au CB car je garde espoir. Tant que je ne suis pas sur le billard ,il y a une chance de retour surtout que je me sens légèrement mieux, j’arrive maintenant à me redresser pour marcher doucement. Les médecins ont bien pu se tromper dans leur diagnostique !Pour le moment je suis complètement mort, j’ai pas mal d’absence mais je pense que c’est du au fortes doses d’antibio qui sont destiné à contrôler l’appendicite.J’espère maintenant que demain je vais pouvoir aller à Islamabad sans soucis et que la nuit va bien se passer.J'attends tranquillement à l'hôtel que le temps passe. L'hôpital de Skardu n'est pas pour moi.Je ne suis pas sur d'être plus en sécurité à l'hosto... Antoine