lundi 18 août 2008

Cette photo prise par Nick Rice est la dernière photo des grimpeurs dans le bottleneck à 11h le 1er/08. (cliquer sur la photo pour l'agrandir).
La vidéo ci-dessous montre une approche du goulot d'étranglement sur le K2.
Elle a été prise par K.Unterkircher (disparu sur le Nanga Parbat le 15/07/2008) au cours d'une expédition en 2004 pour marquer le 50e anniversaire de la première ascension de la montagne Sauvage par l’équipe Italienne en 1954 avec Lino Lacedelli, Achille Compagnni et Walter Bonatti.
http://www.youtube.com/watch?v=qjaV4ejbOCo&feature=related
Le K2 est aussi appelé la « montagne tueuse » parce que sur cinq personnes arrivant au sommet, une ne survivra pas à la descente. C’est une montagne très raide avec de nombreux passages techniques, des chutes de séracs et des avalanches. De plus, elle est très isolée, à sept jours de marche du village le plus proche.
Quelques statistiques :D’après les derniers chiffres, entre 1954 et 2007, 284 personnes ont pu fouler le sommet du K2 et 66 autres ont perdu la vie en essayant de s’y rendre. Sur l’Everest, au cours de la même période, 3681 personnes se sont rendues au sommet et 210 y sont morts.Avec ces onze autres morts, si on fait le compte, la « fatalité » du K2 est cinq fois plus élevée que celle de l’Everest.

Comme lors de la conquête Italienne du K2 en 1954, très controversée , tout s’est joué un 31 juillet.
Ce jeudi 31/07/2008, une vingtaine de « summiters » sont prêts à vaincre la deuxième plus haute montagne de la terre : le K2 (8 611 mètres). Hugues, des Serbes, Coréens, Américains, Espagnols, Hollandais ou Norvégiens se préparent depuis des semaines, rongeant leur frein au camp de base trois mille mètres plus bas. La fenêtre météo est étroite : cinq, six jours, pas plus. Elle est surtout rare en cette saison où la mousson s’installe sur les cimes himalayennes. Tous le savent, cela fait un mois qu’ils l’attendent.

Le lendemain de son arrivée au camp de base, le 18 juin, Hugues et son compagnon de cordée américain, Nick Rice, 23 ans, se voient proposer une association par Wilco Van Rooijen, Hollandais, 42 ans .
Au camp de base il y a cinq expéditions , dont l’expé Norit dirigée par Wilko composée de cinq hollandais, un Australien, un Irlandais et un sherpa népalais (Pemba). qui proposent à Hugues de prendre la voie Cesen pour être plus nombreux à l’équiper, cette voie est plus directe donc beaucoup plus raide que les Abruzzes, mais plus protégée .
L'expé de Wilko a déjà équipé jusqu’à 7 100 mètres alors que la voie des Abruzzes est encore vierge.
les deux itinéraires se rejoignent vers 7 900 mètres sur l'épaule pour entamer la dernière partie, appelée le « goulot de la bouteille » ou bottleneck, jusqu’au sommet. Même si le goulot d'étranglement est impressionnant par le sérac qui le domine et sa partie étroite très raide d’une centaine de mètres surplombée de glace et de neige, celui-ci n'est pas le « cœur » de la montée, les pentes jusqu’au C2 étant beaucoup plus difficiles et techniques. Ce goulot ressemble à un sablier, large à sa base et s'ouvrant à nouveau au sommet par un énorme sérac appelé : le balcon .

Le K2 est à la fois exigeant physiquement et techniquement difficile .

Pour vaincre les sommets himalayens, il n’y a pas trente-six méthodes : l’équipement des parois et l’acclimatation indispensable des grimpeurs consiste à enchaîner les aller-retours, de camp en camp, comme les paliers pour les plongeurs.
Sur le K2, quatre camps précèdent le sommet comme vous avez pu le constater dans tous les récits précédents.
Pour monter les tentes, la nourriture, les cordes et duvets, les alpinistes peuvent compter sur les HAP (High Altitude Porters), guides pakistanais ou sherpas népalais. Chaque expédition en emploie deux ou trois. Hugues était acompagné de 2 porteurs : Karim et Beig.
Après deux semaines de mauvais temps, les prévisions météo promettent un créneau du 31 Juillet au 2 Août au moins. Cinq jours avant l’assaut final, samedi 26 juillet, une grande réunion rassemble tout le monde au camp de base. En tout, vingt-six grimpeurs prévoient d’emprunter les Abruzzes, onze grimpeurs la Cesen. Les Coréens, Américains et Serbes sont trop nombreux pour monter le même jour et prévoient donc deux rotations.




Hugues avant-dernier à gauche,puis à droite, et le 3ème à gauche derrière après le meeting

Cette réunion permet d'établir une feuille de route et une répartition du matériel que chaque expédition devait monter au camp 4. Un groupe de tête, Sherpas et Pakistanais chapeautés par 2 Coréens, doit quitter le camp 4 à 23h30 pour installer les cordes fixes sur l'itinéraire du sommet, avant le départ des himalayistes deux heures plus tard.Les chefs d’expédition s’arrangent : dans la dernière partie, chacun doit assurer l’équipement d’une partie du dernier tronçon, très raide et très dangereux.

Le « bottleneck » est une pente de 200 mètres de long, tout en glace, à 60 degrés. Un vrai toboggan, dans la zone de la mort au-dessus de huit mille mètres.

L’ascension des quatre camps jusqu'à l'épaule, soit 8000 m environ, se déroule très bien malgré l'extrême fatigue qu'ils ressentent sur ces pentes très raides, le manque d'oxygène, etc, et le 31 juillet au soir, un ciel clair est au rendez-vous, sans grand vent, par moins vingt degrés. Hugues est heureux d'être arrivé sur l'épaule , il se sent très en forme, et est très confiant pour "l'assaut final" de "son" K2 avec l'aide de Karim et Beig.

A partir de la barrière des 8 000 mètres, il faut savoir que personne ne peut, sans mentir, affirmer qu’il dit l’entière vérité. Le manque d’oxygène, de sommeil et les efforts consentis altèrent singulièrement la lucidité. Le récit suivant ne représente peut-être pas l'exacte vérité, d'autant plus que les protagonistes n’ont pas encore fait une déclaration définitive des faits.
Le«deal» passé entre les expéditions est simple: les Hollandais apportent les quatre cents mètres de grosses cordes nécessaires pour équiper le goulot, les Italiens et les Serbes deux cents mètres pour assurer la traversée sous les séracs, juste après le goulot, les Américains une corde plus fine pour relier les drapeaux servant à baliser le chemin, drapeaux hissés par les Coréens. (photo ci-dessous).


Première erreur : des cordes mal posées (par les porteurs) :
Ils sont donc vingt grimpeurs à s’élancer au cœur de la nuit, le 1er août. le groupe de tête quitte le camp IV à minuit, les himalayistes partent entre 2h30 et 4h;

Un Coréen semble insister sur l'aménagement de la corde fixe plus tôt que prévu; Cette simple décision signifie qu'au moment où les grimpeurs atteignirent le bas de la pente du goulot d'étranglement, il n'y a plus suffisamment de cordes. L'équipe de Wilco s'apercevant que les Coréens ont fixé les cordes bien avant ce qui avait été prévu, les fait déséquiper puis repositionner plus haut, les grimpeurs attendent sous un énorme sérac suspendu, s'impatientent, et prennent donc beaucoup de retard.

Un Américain de 35 ans, Eric Meyer, est encore au pied du couloir à 7h , il raconte : "C'était trois heures plus tard que prévu .........le groupe de tête progressait très lentement, avec beaucoup de grimpeurs très près les uns des autres. Le soleil est arrivé sur le sérac : 100 mètres de glace surplombante très fracturée .......... " Il préfèrera redescendre avec deux autres Américains.

Nick Rice, qui a pris du retard à cause d’une chaussette mouillée, confirme cette erreur :« Quand je me suis réveillé, j’ai entendu Eric, Chris, Fred et Paul (Américains) revenant de leur tentative avortée vers le sommet. Ils me transmirent le message des Hollandais demandant plus de cordes." Apparemment, les Sherpas avaient installé une partie située avant le goulot de la bouteille (où cela n’était pas nécessaire) et n’avaient donc plus de corde à fixer dans ce passage exposé et technique du goulot. »
Nick Rice, perturbé par l’incident de ses chaussettes mouillées et parce qu’il ne sent plus ses doigts gelés, fait demi-tour et prend cette dernière photo des grimpeurs au pied du bottleneck le 1er Août à 11h, avant de redescendre au C4: en agrandissant la photo, vous apercevrez les grimpeurs les uns derrière les autres (entre les rochers et le sérac)

- Seconde erreur, un porteur a oublié une longueur de corde,

Pourtant, la plupart d'entre eux poursuivent l’ascension en rééquipant les cordes fixes; Wilco précise : "Malgré tout, nous avons continué notre progression. Bien évidemment, cela a pris des heures et des heures. Certains ont fait demi-tour parce qu’ils n’avaient plus confiance. »
dont Jelle Staleman, un jeune grimpeur Hollandais de 26 ans qui, se rendant compte qu'il n'arrivera pas au sommet avant 8Hpm et qui a les pieds gelés, prend la décision de redescendre, ainsi que 4 Américains. Ils sont trop nombreux à emprunter le même itinéraire.
Dans la montée du goulot, le Serbe Dren Mandic se détache des cordes fixes pour changer sa bouteille d'oxygène. Il décroche et tombe en criant. Il y a un débat sur l'opportunité d'essayer de récupérer le corps de Mandic. 2 Serbes et leur porteur Hussein renoncent à monter et décident de descendre le corps au camp 4 pour lui trouver une sépulture. Dans la confusion, le porteur d'Hugues, Jehan Baig, qui présente des symptômes d'un MAM (mal aigu des montagnes), tente d'aider, décroche lui aussi de la paroi sans faire un geste pour enrayer sa chute, et bascule dans le versant sud ; ce furent les 2 premiers disparus ...........Suite à la mort de Beig qui était le seul à avoir réussi l'ascension du K2 auparavant , Hugues n'a plus qu'un porteur Karim, et peut-être plus qu'une bouteille d'oxygène............

2 Norvégiens renoncent avant le sommet : le premier déshydraté, fait demi-tour peu après la traversée et rejoint le camp 4 à 20h30. Rolf Bae s'arrête 100 mètres sous le sommet et attend le retour du quatrième Norvégien, Lars Nessa, et de Cecilie Skog sa femme avec laquelle il est marié depuis un mois.

Après 16 heures de montée, au lieu de 10 ou 11 heures, avec l'aide d'oxygène pour certains, les 2 Norvégiens, les 5 Coréens et deux de leurs sherpas népalais arrivent au sommet à 17 H20, l’Irlandais Gérard McDonnel à 19 heures, Hugues et son porteur Pakistanais Karim Meherban à 19h30 , puis les deux Hollandais Wilco Van Rooijen et Cas Van de Gevel, avec leur sherpa népalais, Pemba Gyalje et enfin, à 20 heures, l’Italien Marco Confortola: d’après le tableau des arrivées (cliquer sur : tableau des arrivées au sommet ) établi par le site Xexplorersweb,
(photos ci-dessous : Gérard, Wilco, et Pemba au sommet - Gérard et Pemba - Gérard)

A la question de savoir s’il était trop tard pour aller au sommet, Aman Ashraf, premier guide pakistanais à vaincre le K2 en 1977, a prudemment répondu par mail :
« Oui, tenter le sommet à une heure tardive peut être un des facteurs d’accidents mortels sur le K2. »


Rolf, Cecilie et Lars descendent les premiers. Ils rejoignent le haut des cordes fixes 15 minutes avant la nuit et s'engagent dans la traversée sous la base du gros sérac.

Il fait nuit, (- 40°), aux environs de 21 heures, un grondement secoue l’air. Un sérac surplombant le goulot de la bouteille se détache: des tonnes de glace dévalent la pente et arrachent les cordes. Elles emportent avec elles plusieurs grimpeurs: le Norvégien Rolf Bae (sous les yeux de sa femme), le Sherpa Jumic Bhote et son collègue Pasang Bhote qui tentait de lui venir en aide . Déjà cinq morts. Le piège se referme.

Lars et Cecilie ont 40 à 50 mètres de corde dans leur sac, ils descendent par un rappel en oblique vers le flanc rocheux gauche du goulot. Encore 50 mètres de désescalade sans corde, du 45° à 50° parfois en glace, puis la pente s'adoucit; à 23H, ils sont au C4.

Au-dessus des séracs, la descente des quinze derniers alpinistes est très lente, mais ils sont groupés. Lorsque la nuit tombe, la panique s'installe, le groupe explose.

Comme le raconte Wilco, quelques jours plus tard sur un lit d’hôpital à Skardu, la panique s’empare alors du petit groupe des survivants:
« Ils n'avaient plus le temps d'engager une discussion, Ils descendaient à toute allure mais sans savoir où aller, certains perdus sur la mauvaise voie du bottleneck, la seule chose qu'ils devaient faire était de vite descendre car quand on descend, on a plus d’oxygène et donc plus de chances de survivre. »
Wilco aurait alors tenté de tous les convaincre de rester groupés et de trouver ensemble une solution mais beaucoup n’ont pas réagi, comme enfermés dans leur propre lutte pour survivre:
« Ils pensaient à utiliser mon oxygène, ma corde. Donc, en fait, chacun se battait pour soi et je ne comprends toujours pas pourquoi nous nous sommes abandonnés les uns les autres. »
A 21 heures, 2 sherpas dont Pemba partent en avant, ils découvrent que les cordes ont été emportées, tentent d'alerter les grimpeurs qui suivent, sans succès. Ils utilisent la corde des Norvégiens, puis désescaladent. La nuit est calme, mais très noire, ils voient des lampes frontales au-dessus du goulot. La crainte du sérac les pousse à vite regagner le camp 4 qu'ils atteignent à 1h30. Sous le sérac, les frontales sont toujours allumées, sans doute celles des 2 Coréens, Mi Sun Go, ex championne d'escalade sur glace, et Jae-Soo Kim, chef d'expé, et CAS précédant Hugues qui semble être à court d'oxygène. Karim n'est pas avec lui...................
Au sommet, Hugues aurait dit aux autres alpinistes qu'il était très préoccupé de ne plus avoir d'oxygène, et qu'il voulait descendre à tout prix.
Le Hollandais CAS Van de Gevel qui était devant lui dans le bottleneck est le témoin occulaire de la chute, puis de la disparition d'Hugues vers 00h00- 01h00 le 2 Août. Par contact radio, il appela immédiatement Pemba et les alpinistes survivants au C4 pour monter retrouver Hugues , recherches qui se poursuivirent vainement jusqu'au lendemain ............
Mi Sun Go, Jae-Soo et CAS arriveront au C4 entre 2 et 3h.
Confortola et McDonnel creusent un trou dans la glace. Comme Wilco, ils passent la nuit sous le sommet, à lutter contre le sommeil et le gel.

1er bivouac pour Gérard,Marco,Wilco

Aux premières lueurs de l’aube, ils repartent dans le goulot où ils découvrent trois Coréens Park Kyeong Hyo, Hyokyeong et Kim Dong Jin Hwang , dans un enchevêtrement de cordes en pleine pente, en fâcheuse posture, la tête en bas, encore conscients mais prisonniers de ces cordes, il manque une chaussure à l'un d'entre eux, Marco lui enfilera un gant de haute altitude.

McDonnel et Marco Confortola tentent en vain de les aider pendant 3 heures , Marco tente de sortir leurs bouteilles d'oxgène et leurs masques pour les aider à respirer, Mc Donnel remonte pour tenter de couper les cordes et les délivrer de ces cordes, Confortola épuisé, poursuit sa descente et perd de vue son compagnon, qui, lui, continue à essayer de sauver les Coréens. L’Italien s’endort, mais est réveillé par une seconde avalanche qui passe à vingt mètres sur sa droite, une bouteille d'oxygène qui dévale la pente le blesse derrière la tête; Il voit alors émerger plusieurs corps : celui de son copain McDonnel qu'il reconnaît par ses bottes jaunes, et ceux des Coréens. Il repart, s’arrête un peu plus loin et retombe dans l'inconscience.

Peu après, 2 sherpas des Coréens, partis du C4 pour secourir ceux qui sont en difficulté, repèrent Marco. Ils poursuivent vers le goulot et alertent par radio Pemba qui remonte au secours de Marco : il le réveille, lui donne de l'oxygène, et l’aide à descendre ; Quelques minutes plus tard, un nouveau sérac s'effondre, l'avalanche de blocs frôle Marco et Pemba qui rentreront un peu plus tard au C4, sains et saufs.

" Il m’a sauvé la vie, sans lui je serais mort, raconte Marco. Je refuse de parler de responsabilités, ni sur la responsabilité des autres a déclaré Confortola. Je ne peux que réfléchir à ce que j'ai fait et avoir la chance d'être en vie, en tirer des leçons. je mettrai beaucoup de temps pour cela. "

Mail de Donatella, la webmaster de Marco : "Hier il a raconté ce qu'il a vécu : il confirme qu'il n'a pas vu ce qui s'est passé pendant que Hugues descendait. Marco a été le dernier qui est arrivé au sommet. Il a vu Hugues qui était devant lui pendant qu'ils montaient: Hugues était plus rapide que lui grâce à l'oxygène. Quand Marco est arrivé au sommet Hugues descendait déjà....Marco a compris ce qui s'est réellement passé seulement quand il est arrivé au camp de base. Après la nuit à 8300 mètres, il a trouvé les trois Coréens qui avaient été trainés par le sérac, pendus aux cordes. Il a tout essayé pour les aider. Deux étaient peut-être déjà morts.... après trois heures il a commencé à descendre dans l'espoir de trouver quelqu'un qui puisse monter les aider...pendant qu'il descendait l'avalanche les a pris et submergés.....Puis PEMBA lui a sauvé la vie .......

Photo : Confortola sur le K2 à 8 611 m le 1er Août 2008.
http://www.marcoconfortola.it/


Le 3 Août, Marco commencera sa descente par l'éperon des Abruzzes, soutenu par des Américains et des Pakistanais, luttant contre un oedème cérébral et de graves gelures aux pieds.
Wilco Van Rooijen, après avoir bivouaqué à 8500 m, peut à peine voir. Il se réveille et réalise que sa vision est gravement compromise, il est atteint d'ophtalmie, aveuglé par la montagne de glace et l'éblouissement. Il a porté des lunettes de protection, mais l'altitude et la fatigue font des ravages, il n'arrive plus à s'orienter , ne trouve aucune corde, il bivouaque à nouveau une deuxième nuit, assis dans la neige, le temps se dégrade, la situation devient critique, il a également des hallucinations croyant voir des alpinistes plus haut, il les appelle, et ne comprend pas pourquoi personne ne lui répond ! Avec son téléphone satélitaire, il veut appeler le CB, il ne se souvient plus du numéro, il ne voit plus et ne peut donc consulter son carnet, il appelle donc sa femme qui avertit immédiatement le CB ; il se perd à nouveau, mais finalement aperçoit de loin quelques tentes du C3; du CB, il est aperçu aux jumelles , complètement perdu errant sur la voie Cezen entre le C4 et le C3.


Pemba et CAS (prévenus par le CB) vont lui sauver la vie en descendant le chercher du C4 après l'avoir localisé. Wilco, miraculé après un second bivouac, souffre de sévères engelures aux pieds, il lui faut encore redescendre toute la paroi, soit 3 000 mètres jusqu’au glacier. Deux journées d’efforts supplémentaires pour les Hollandais qui arrivent le 4 août au camp de base.
Cas et Wilco

Témoignage de Pemba : " En pensant à son oxygène, car il n'a que 2 bouteilles, j'ai dit plusieurs fois à Hugues : préparez 4 bouteilles, c'est plus sûr pour vous, mais il m'a dit qu'il espérait que ça serait suffisant . Quand il est arrivé au sommet, il a fait un appel à sa famille et m'a demandé de le prendre en photo avec son appareil, puis je le lui ai rendu et il a pris beaucoup de photos autour de lui-même, il était très heureux sur le sommet . Il m'a également demandé que je téléphone à ma femme, j'ai dit non, il a insisté, et je lui ai dit que nous devions maintenant descendre rapidement parce que nous étions en retard, et il a dit :

"OK Pemba , Je suis d'accord avec vous, mais nous l'avons ce sommet ! "

Après nous sommes descendus ensemble du sommet jusqu'à 8 500 m où il faisait nuit noire. Hugues et Karim étaient derrière moi et descendaient lentement avec les autres, il n'y avait pas de grande distance entre les uns et les autres, quand j'ai atteint le ravin il n'y avait plus de cordes fixes, c'était difficile pour moi aussi, j'essaie de prendre contact avec d'autres grimpeurs mais tous les systèmes de communication ont été rompus, c'était dangereux de rester sous le sérac, alors j'essaie de descendre sans corde fixe, puis avec la corde des Norvégiens, lorsque j'atteins enfin la zone de sécurité en bas du bottleneck, je vois la plupart des grimpeurs avec leurs lampes frontales juste au-dessus du bottleneck, notre système de communication ne fonctionnait plus.

le lendemain matin du C4, la visibilité était très mauvaise en montant retrouver Marco à qui j'ai donné de l'oxygène avant de l'aider à redescendre au C4. Je n'ai pas revu Hugues... Seul CAS est témoin de sa disparition, après l'avoir vu en difficulté en haut du bottleneck car il manquait d'oxygène" .................................. Pemba Sherpa Gyalje

Les survivants se comptent sur deux mains: un Espagnol, un Italien, deux Coréens, deux Hollandais, un Norvégien et deux Sherpas népalais. Cet accident serait le plus meurtrier depuis 1986 où le K2 avait fait 12 morts... Très émue en vous livrant du mieux possible les raisons de la disparition d'Hugues (suite aux témoignages des survivants nous aidant à comprendre l’enchaînement qui a conduit à une telle tragédie), je vous dis à bientôt, soit le 28 Août à 16H30 en l'Eglise de St Genis Laval pour une messe en la mémoire d'Hugues.
Les 11 disparus :

GERARD McDonnell, 37 ans, ingénieur Irlandais vivant en Alaska. Il avait atteint le pôle Sud et a été le premier irlandais à atteindre le sommet du K2.

MEHERBAN KARIM, le porteur d'Hugues, un jeune porteur Pakistanais de la vallée de Hunza, mort en redescendant avant le bottleneck.

DREN MANDIC, 32 ans, un Serbe membre du Spartak Mountaineering Club dans le nord de la Serbie. Le premier des 11 à mourir quand il a glissé en dépassant un autre grimpeur.

JEHAN Baig, porteur d'Hugues, un jeune Pakistanais de la vallée de Hunza. le deuxième des 11 à mourir en essayant de sauver Dren Mandic.

KIM Hyo-GYEONG, 33 ans, Coréen membre de la Fédération coréenne du Gyeongsang du Sud qui avait envoyé une équipe de huit hommes au sommet du K2 en 2000.

Pasang Bhote, 34, le Sherpa népalais, mort en tentant de sauver son ami, Jumik Bhote. Ils venaient du même village;

HWANG DONG-JIN, 45 ans, le célèbre alpiniste Coréen, qui avait grimpé trois 8000 mètres dans l'Himalaya et qui conduisait l'équipe Coréenne.

ROLF BAE, 33 ans, explorateur Norvégien. Son épouse, l'alpiniste, Cecilie Skog, qui a assisté à sa mort, a survécu.

Jumik BHOTE, jeune Pakistanais du village de Hungung.

PARC Kyeong-Hyo, 29 ans, un Coréen qui avait atteint le sommet de l'Everest en Mai 2007.

HUGUES , 61 ans, en descendant le bottleneck. ..............

http://www.youtube.com/watch?v=8Mzpk2ygjf8&feature=related